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Femme en costume préparant sa valise dans une chambre d'hôtel

Objet le plus volé dans les hôtels : statistiques et prévention contre le vol

3 200 peignoirs s’évaporent chaque jour dans les hôtels européens. Ce chiffre n’est pas tiré d’un rapport confidentiel ni d’une estimation hasardeuse. Il provient d’une enquête menée auprès de 1 000 établissements, et il éclaire sans détour l’ampleur d’un phénomène à la fois discret et massif : le vol d’objets dans l’hôtellerie.

Le linge de bain occupe le haut du classement des pertes enregistrées chaque année par les hôtels, écrasant la concurrence des gadgets électroniques ou de la vaisselle. Selon une étude de 2023, 75 % des vols signalés portent sur les serviettes et peignoirs, bien loin devant les oreillers ou la petite cuillère glissée dans un sac. Face à cette hémorragie, les directions ne restent pas les bras croisés : marquage invisible sur les tissus, portiques à la sortie, caméras dans les couloirs. Certaines grandes chaînes voient la note grimper jusqu’à plusieurs dizaines de milliers d’euros perdus chaque année.

Quels sont les objets les plus fréquemment volés dans les hôtels ?

Dans les chambres feutrées, certains objets ne laissent personne indifférent. Le linge de bain, et en particulier les serviettes épaisses ou les peignoirs siglés, se placent en tête de toutes les envies. D’après le sondage OnePoll pour Hotels.com, près de 75 % des hôteliers interrogés citent ces articles comme les plus fréquemment subtilisés. Que l’on séjourne dans un palace ou dans un petit hôtel familial, ces disparitions touchent toutes les catégories.

Mais la liste ne s’arrête pas là. D’autres objets du quotidien suscitent un attrait manifeste, en particulier depuis que les spas et les salles de bain luxueuses se sont généralisés.

  • Serviettes et peignoirs
  • Produits de toilette et savons
  • Petits accessoires (cintres, stylos, tasses, couverts)
  • Éléments textiles (oreillers, coussins décoratifs)

Dans certains hôtels, il devient courant de devoir remplacer chaque semaine des peignoirs brodés ou des serviettes flambant neuves. La plupart des clients invoquent un simple souvenir, une envie de ramener un morceau du confort vécu sur place. Mais pour les établissements, cette tendance pèse et n’a rien d’anodin. Les statistiques le confirment année après année : le linge de bain caracole en tête des objets volés, suivi par les produits d’accueil et les accessoires laissés à disposition dans les chambres.

Chiffres clés et tendances : ce que révèlent les statistiques sur le vol en hôtellerie

Les données accumulées par les professionnels dressent un constat limpide : le vol touche tous les segments, du petit hôtel de province à la grande chaîne internationale. Selon l’enquête Hotels.com relayée par OnePoll, 68 % des responsables d’établissements déclarent faire face à des vols chaque année dans leurs chambres. À New York, ce taux grimpe à 75 % dans les hôtels indépendants. En France, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) évoque une chambre sur vingt concernée, chaque année.

Le linge de bain domine largement, mais les tentatives ne s’arrêtent pas là : ampoules, télécommandes, vaisselle, voire tableaux et objets d’art dans certains palaces. Les produits à usage unique, notamment dans les hôtels de standing, sont de plus en plus ciblés : shampoings, savons, soins spa, attirent par leur qualité et leur présentation soignée.

  • 68 % des hôtels français signalent des vols chaque année
  • En moyenne, une chambre sur vingt est touchée
  • Les hôtels indépendants enregistrent davantage de pertes que les grandes chaînes

Pour limiter les dégâts, les directions misent sur la facturation automatique des objets manquants, la pose de puces RFID dans le linge, ou encore la vidéosurveillance discrète dans les zones communes. Les stratégies évoluent, tout comme les astuces déployées par certains visiteurs peu scrupuleux. Un jeu du chat et de la souris qui oblige l’industrie à adapter sans cesse ses méthodes.

Les raisons derrière ces vols : entre tentation, opportunité et psychologie du client

Accuser le client de mauvaise foi serait une erreur simpliste. Derrière ces vols, la psychologie joue un rôle de premier plan. Tout commence dans la chambre, où l’accumulation d’objets soignés, serviettes épaisses, produits d’accueil en flacons élégants, peignoirs douillets, suscite à la fois l’envie et la tentation. L’anonymat, la sensation de liberté, l’absence de contrôle direct offrent un terrain propice à l’impulsion.

Certains voyageurs considèrent le prélèvement d’un savon ou d’un mini-shampoing comme un clin d’œil, voire une forme de publicité pour l’hôtel. D’autres s’autorisent des écarts plus larges, persuadés que la nuit payée inclut quelques « extras ». Le sentiment d’impunité, l’idée d’un passage éphémère, tout cela abaisse le seuil d’hésitation. Le contexte du séjour, entre parenthèse dans la routine quotidienne, encourage aussi à franchir la ligne sans vraiment réfléchir aux conséquences pour l’établissement.

La plupart évoquent le souhait de prolonger l’expérience du séjour, de ramener un petit signe distinctif chez soi. D’autres, lassés ou distraits, cèdent à la facilité. Dans tous les cas, impossible de séparer l’acte du contexte et de l’état d’esprit du client au moment de son séjour.

Hôtesse découvrant un sèche-cheveux manquant dans la salle de bain

Prévention efficace : comment les hôtels protègent leurs biens sans nuire à l’accueil

Face à des pertes qui grèvent parfois leur rentabilité, les hôteliers repensent leurs stratégies sans sacrifier l’expérience client. Pour Romain Trollet, à la tête du groupe Assas Hôtels, la vigilance doit se combiner à la discrétion : l’accueil reste au cœur du métier, mais la protection des biens n’est plus taboue.

La vidéosurveillance, discrète mais présente, s’installe dans les couloirs et les espaces communs. Elle joue surtout un rôle de dissuasion, plus que de sanction. Dans les chambres, la technologie prend le relais : les serviettes et peignoirs sont désormais équipés de puces RFID, pour un suivi précis des stocks et la détection immédiate d’une disparition. L’hôtel peut aussi, après vérification, adresser une facture au client si des objets manquent, en précisant cette règle dès l’enregistrement.

  • Les équipements de valeur (sèche-cheveux, téléviseurs, plateaux de courtoisie) sont fixés en toute discrétion pour limiter les tentatives d’emport.
  • La clé magnétique permet de tracer les allées et venues, renforçant la sécurité sans créer de suspicion inutile.

Côté tentations, la boutique de l’hôtel propose à la vente les produits d’accueil ou les objets siglés qui plaisent le plus aux voyageurs. De plus, des partenariats, comme celui entre l’UMIH et Unisoap, permettent de récupérer les produits d’hygiène pour leur offrir une seconde vie solidaire : un moyen de transformer une perte potentielle en geste utile.

Quant aux sanctions, elles restent mesurées. Les hôteliers privilégient la pédagogie et la prévention, n’ayant recours à la justice que dans les cas manifestes. On préfère aujourd’hui la discrétion à l’humiliation, et la prévention bien pensée à la répression aveugle.

Au bout du compte, le peignoir blanc qui disparaît raconte bien plus qu’un simple fait divers : il révèle un subtil jeu d’équilibre entre hospitalité et vigilance, où chaque établissement cherche la parade sans trahir son esprit d’accueil. Saurons-nous un jour résister à la tentation du souvenir, ou les hôtels devront-ils tout ancrer au sol ? La réponse se joue, discrète, derrière chaque porte refermée.

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